PLAY IT AGAIN PAM - CISYPHUS IS A WOMAN (this video installation benefited from a DRAC Poitou-Charentes grant in 11/2013) https://www.youtube.com/watch?v=P9d5sBxvqL8

Dans nos sociétés occidentales en phase de marginalisation voire de clochardisation, le décalage est chaque jour plus criant entre un réel dévalué et une société du spectacle qui, à l’ère d’internet et du numérique a d’ores et déjà basculé corps et bien dans l’hyperréalité qu’annonçait Baudrillard. Tous différents et pourtant chaque jour un peu plus semblables, nous sommes à présent abreuvés en permanence d’images ciblant au plus près nos désirs de sexe et de sécurité pour mieux nous soumettre à la marchandise. Les mythes, les allégories, l’art lui-même à travers ses chefs-d’œuvre historiques, tout est convoqué pour mieux asservir chacun des rouages d’une société si bien atomisée que la conscience de classe en est petit à petit abolie au profit d’un individualisme au combien plus contrôlable, orientable, en un mot manipulable. Sur le plan individuel comme sur celui des anciens collectifs déliquescents, du village à la nation, de l’équipe à l’entreprise, chacun d’entre nous oscille entre peur et recherche d’un sommeil apaisant, entre défense et relâchement.

Ainsi le personnage de Pamela Anderson me permet d’aborder les trois lignes de force qui structurent ma lecture du monde ainsi que mon travail, les trois fils d’Ariane qui relient chacune de mes œuvres : Il me permet d’aborder cette dialectique d’une défense illusoire et d’un relâchement mortifère (ici surveillance de la baie, discipline physique et contrôle sur le corps, mais aussi épuisement, relâchement des chairs, etc.), mais aussi le thème de l’érotisation permanente de l’environnement (inutile de s’étendre dans cette série), et enfin la relecture d’allégories sous un angle marxiste (dans ce cas précis, plusieurs mythes peuvent être convoqués le plus évident étant celui de Sisyphe, l’analyse marxiste s’étendant ici à une problématique post coloniale, la femme restant, de manière particulièrement ostensible dans Bay Watch comme à travers le monde, le dernier continent à décoloniser.)

Projet :

Le projet « Play It Again Pam Sisyphe est une femme» consiste à réaliser une vidéo d’une Pamela Anderson au corps lui ayant en partie échappé (soumission, poids, temps). Elle projette et ramène à elle par un filin et pendant des heures, en boucle, son flotteur de sauvetage. Cette action se déroule dans les ruines immergées d’un temple de la consommation érotisée dont ne resteraient que les bases des colonnes, des bouteilles de coca géantes brisées. Le bassin est en fibre de verre et polyester rose, les bases des bouteilles en aluminium. Le tout est filmé en différents plans fixes en plongée. ( Cette œuvre sera ensuite recréée plusieurs mois plus tard et accessible live via le web à l’occasion de la mise sous surveillance video de l’ensemble du site dans le cadre d’une programmation à venir d’expositions paranoïaques « please no visitors, on line only » confiées à différents commissaires d’exposition. Lancement prévu fin 2013 ou courant 2014. De nombreux artistes ont d’ores et déjà accepté de participer à cette expérience.)

Protocole :

Le protocole est aussi simple que sadique : un contrat de travail stipule que la performeuse (Gael Depauw, interprète entre autres de Jan Fabre et de Gisèle Vienne, un peu trop âgée et un peu trop plantureuse pour pouvoir remplacer une Pamela Anderson de 30 ans dans la série, donc parfaite pour le rôle) doit réaliser ce geste répétitif pendant le nombre d’heures voulu, à un rythme défini également contractuellement (très soutenu, 10 à 12 lancers par minute) avec une distance minimale et maximale de lancer. L’eau du bassin est froide et son niveau, bas, peut varier. Le maillot de bain rouge logotypé Baywatch fourni est légèrement trop petit pour la comédienne. Avec le flotteur gonflable en vinyl et la perruque blonde, ils constituent un « assortiment déguisement sexy » (sexy fancy dress package) bas de gamme. De temps en temps, entre deux lancers, la performeuse regarde désespérement l'une des caméras, guettant en vain un signe, avant de se résigner à reprendre sa tâche.Les plans fixes sont réalisés à partir des emplacements destinés à terme aux caméras de vidéo- surveillance prévues sur ce site, au format « meurtrière » 16/9eme vertical.

L'oeuvre :

L'oeuvre filmée est restituée simultanément dans la même pièce sur plusieurs écrans verticaux, chacun montrant le point de vue différent des deux caméras sous différentes lumières à différents moments de la journée.



ESPACES AUGMENTES, video :   http://www.youtube.com/watch?v=hjsRDD8KYgs

"Les Journées Européennes du Patrimoine avaient lieu le weekend dernier, occasion pour le moindre patelin miteux de faire visiter l’emplacement d’anciennes latrines où avait caguéNapoléon non loin d’une prétendue voie gallo-romaine où avait été retrouvé, par un paysan du cru, une rognure d’ongle étrusque très bien conservée… bref, un moment de culture et de partage béni sous les heureux hospices des imbéciles heureux qui sont nés quelque part.

Parfois, des individus proposent d’ouvrir leur "lieu" pour le faire découvrir aux curieux. Parfois, même ce sont des artistes qui profitent de l’occasion pour montrer leurs oeuvres et celles d’amis. Voilà ce que proposait Arnaud Cohen dans sa Coutellerie de Cenon sur Vienne. Dans les règles de l’art, il avait même demandé à deux commissaire de superviser l’évènement (Julie Crenn et Jérôme Diacre) qui avaient invité des artistes (Tania MouraudSans Canal FixeRegis PerrayPierre FraenkelMarie Jeanne Hoffner, Black Sifichi, et Arnaud Cohen). Seul hic, la subvention nécessaire au financement du transport des oeuvres n’est jamais arrivée, l’expo en a donc été quelque peu modifiée…

Marcel Broothaers, Musée d’art moderne Département des Aigles Section des Figures, 1972.

Un mal pour un bien, car Arnaud Cohen décide d’en tirer une vidéo particulièrement pertinente. L’artiste propose une visite guidée de l’exposition comme si les oeuvres étaient présentes. Ce n’est qu’après quelques minutes de visionnage qu’on comprend que les oeuvres ne sont pas devant nos yeux et que seul le discours du "médiateur" subsiste. Ainsi, Arnaud Cohen offre une appréhension directe d’une forme de ruine archivée et donc transformée en patrimoine, dans sa pure acceptation romantique. Même si la vidéo s’inscrit dans la "tradition" de la critique institutionnelle au même titre que leDépartement des Aigles de Marcel Broothaers (1972) visites guidées d’Andrea Fraser(Museum Highlights, 1989), Arnaud Cohen y insuffle un côté home-made non sans charme. Et si c’était ça notre vrai patrimoine ! " Maxence Alcalde




HYPPOPOTHESE - A tribute to Eric Duyckaerts, video     http://vimeo.com/49631149



CEZANNUWAKBAR, video   http://www.youtube.com/watch?v=7OUHpWE9OUY